Foutus instants.
Quand on souffre assez pour se suicider, la douleur est déjà immonde, insupportable au sens littéral, mais il te reste encore l'espoir de t'en séparer grâce à la mort... Beaucoup trop de gens connaissent ça....
Cette expérience que je vais vous raconter, si vous l'avez vécu, vous l'aurez sûrement oubliée. Parce qu'elle est si horrible que le cerveau cherche à la refouler au plus lointain de la conscience. Moi je l'ai attrapée avant qu'elle ne disparaisse et fais de gros efforts pour m'en souvenir, essentiellement pour me dire "ça pourrais être pire" quand ça va mal...
J'ai tellement souffert, d'une douleur si inimaginable qu'une fois sorti, je n'arrive plus à me la représenter. Je ne puis que vous donner un vague aperçu, mais les mots me paraissent bien inutiles et dérisoires, en me relisant je me rend compte que vouloir retranscrire ça tient de la connerie. Pourtant je veux partager, même si ce n'est que le pire de ma vie.
J'avais mal au point de ne plus vouloir mourir car la douleur était là, la douleur aura été et cela seul constituait la dislocation de l'univers, mourir devenait inutile par le fait de l'existence d'une douleur si intense.
Maintenant j'ai peur de revivre ça, mais quand j'y étais, ça allait bien au-delà de la peur, la peur n'est rien comparée à cette douleur. Une souffrance telle qu'elle provoque le détachement absolu car il n'existe plus qu'elle au monde, elle emplit le monde.
Pauvre vocabulaire pour expliquer que quand on a trop mal psychiquement, la souffrance devient le Tout. Désagrégation de la pensée, de la logique, de la réflexion, de la personnalité... Je n'étais vraiment plus rien que douleur et la douleur était ma seule âme si compté qu'on en porte une.
J'étais en quelque sorte déjà mort. Mort de douleur. Ces quelques moments esprit mort/corps vivant, c'est ce qui me sépare du commun des mortels, des gens "sains d'esprit".
Foutu moi.